BRM 200 de Longjumeau
Le 18 mars 2012 a vu une bande de sept fiers gaillards de l’ACBO prendre le départ du 200 Kms de Longjumeau: Albano, Jean-Claude, Christian, Benoît, Jacques, Thierry ainsi que votre serviteur. Fiers, mais avec une pointe d’inquiétude pour certains, dont j’étais; ce brevet randonneur était le premier “gros coup” de la saison nouvelle, au sortir de la réclusion hivernale. Et puis, avec la chance qui nous caractérise, le ciel s’annonçait gris et pluvieux, tandis qu’un soleil radieux et des températures clémentes avaient régné toute la semaine. Pas question de perdre le moral, mais tout de même...
Nous partîmes avec le jour qui se levait, à petite allure dans les rues longjumelloises encore endormies. Les premiers kilomètres, fléchés, permirent de quitter la ville sans encombres, une attention délicate des organisateurs pour les cervelles comme la mienne, encore embrumée par l’heure matinale. A Roussigny, Albano, qui aime toujours à se distinguer, nous divertit par une crevaison traîtresse à l’arrière, idéale pour que les organismes à peine échauffés se refroidissent... Fort heureusement, ce sera le seul incident technique de la journée. Le bon docteur Jacques y remédia et nous repartîmes assez vite.
Après Saint-Arnoult, en plus du temps gris et froid, il fallut compter avec le vent de trois quart, voire complètement de face, dans la longue plaine qui allait nous conduire jusqu’à Auneau. Nous filions bon train, avec des prises de relais assez régulières, sans jamais mollir. La descente, puis la traversée d’Auneau furent cependant bienvenues pour faire une pause jusqu’à la “vraie”, au contrôle de Béville-le-Comte, à “la Taverne”. Le soleil avait fait une timide apparition lors de ce dernier bout de route, réchauffant les cœurs et les âmes, et se manifestait franchement à l’arrivée au contrôle. Espoir qui ne fut pas long; la timidité l’emporta sur l’ensemble de la journée...
Tout ragaillardis, nous reprîmes la route en direction de Maintenon, malgré quelques hésitations sur le parcours à suivre, les indications manquant parfois de clarté. Des nuages menaçants comme un contrôle fiscal s’amoncelaient à l’horizon tandis que nous roulions encore dans la belle lumière dorée du soleil de printemps naissant... “Maintenon la cadence!” Ce trait d’humour dont la paternité échoit à Thierry aurait dû se muer en “Maintenon la direction!” Je ne sais où nous ratâmes le coche, mais il fallut sortir la carte. Et bientôt la cape, une pluie mauvaise ayant fini par s’inviter, rendant sinistre notre progression et la traversée du cependant magnifique village de Lormaye. Pluie qui eut la délicatesse de ne pas s’appesantir trop longtemps, mais suffisamment pour nous voir arriver ruisselants au deuxième contrôle à Chérisy. L’étape au “Cheval Blanc” fut plus longue; les ventres commençaient à crier sérieusement famine.
Casse-croûte en terrasse, mais à l’ombre! Le soleil vint faire amende honorable et nous quittâmes Chérisy restaurés et prêts à affronter avec panache le reste du parcours vers la forêt de Rambouillet. Mais les candides ne claironnèrent pas longtemps... En tournant à droite à Gambaiseuil, quelques gouttes farceuses se sont d’abord insinuées, puis de plus en plus franchement jusqu’à nous ramoitir désagréablement, et il fallut de nouveau enfiler les capes. La traversée de la forêt se fit en mode nautique...
Etait-ce l’ondée généreuse qui n’arrangeait pas les choses? La fatigue se faisait sentir, notamment chez votre serviteur, lequel, malgré l’appui du bon samaritain Jacques, ralentit un peu l’allure du groupe; nous ne raccrochâmes les autres qu’au bout de plusieurs kilomètres. Faiblesse passagère contre laquelle je ne pouvais rien. Le soleil fit une toute dernière apparition, fort brève, pour notre arrivée au troisième contrôle, à la Celle-les-Bordes, et nous rangeâmes définitivement les capes.
Les organismes étaient fatigués et les côtes pour regagner Longjumeau firent mal à quelques uns d’entre nous mais, fidèles aux principes de l’ACBO, nous sommes partis ensemble et nous sommes revenus ensemble. On nous remit notre brevet, avec notre “temps”, d’environ neuf heures. Pourtant, quand on aime, on ne compte pas...
Nous nous séparâmes heureux. Heureux d’avoir pédalé, d’avoir affronté les difficultés, d’avoir passé une bonne journée entre frère d’armes, ou plus simplement entre amis.
Régis
Des Photos de Daniel Clerc