Loudéac - Fougères
Loudéac (mardi matin, 782 km) – Tinténiac (11h47, 867 km) – Fougères (14h46, 921 km)
Il fait froid et mon sac poubelle est indispensable. Il fait nuit et la route de campagne est étroite. Bruno et moi, nous sommes maintenant seuls à deux en route vers Paris. En face de nous, on dirait une procession de pèlerins : des centaines voir des milliers de cyclistes sont sur leur aller à Brest. Une lampe suit une autre. Au début, cette vue fait toucher le cœur. Mais la plupart des phares ont plus que 50 Lux et cela nous éblouit. Nous ne pouvons pas voir où l’on va. Nerveusement c’est fatigant mais en plus je suis fatigué. J’ai les yeux qui se ferment et je zigzagouille derrière Bruno.
Comme un miracle, dans le prochain village qu’on traverse la brasserie est ouverte 24h sur 24 à l’occasion de PBP. Un parking de vélo est installé et on prend un café et un coca. Sustenté on n’a pas recours au dortoir provisoire qui est proposé dans la deuxième salle à coté du bar.
Il fait nuit et il fait jour, on ne s’en rend plus trop compte. Dans un contrôle – peut-être est ce à Loudéac – on dort 30 minutes dans la salle transformé en restaurant. C’est le premier sommeil depuis dimanche matin. Bien reposé on prend l’occasion de se laver les dents. Cela fait du bien ! A part cela, on n’a plus de repères de la vie quotidienne. On ne sait pas quelle heure il est ni quel jour. La seule chose qui compte c’est qu’on est sur le retour. Que le vélo va bien et qu’il ne fait pas trop moche est un plus.
Fougères n’est pas très loin pour la famille de Bruno et tout le monde vient pour nous voir au contrôle. On passe au moins 15 min à dire bonjour, puis on mange ensemble au restaurant. Après, Bruno et moi, on s’allonge sur la pelouse devant les vélos pour dormir 30 min. Mais moi, je n’arrive ni à m’endormir ni à me reposer. Je suis trop stressée, je me dis qu’on a déjà perdu trop de temps au contrôle. Et alors ? C’est bien sympa que la famille est venue nous voir et on a passé un bon moment ensemble.
Et Gérard ? Lui, il a dormi pendant quatre heures à Carhaix. Puis il a roulé tellement vite qu’il nous rattrape ici. En voyant nos vélos garés devant le restaurant il nous trouve sur la pelouse. Maintenant il faut faire vite pour partir avec lui. Mais il est tellement fort – ou nous tellement crevés – qu’on n’arrive pas à rester dans sa roue pendant longtemps. On le laisse alors partir devant. Enfin, nous revoilà à deux.