Cycles Alex Singer

Compte rendu 2012

Les Pioupious

Premier dimanche de mars. Il fait frais ce matin-là, et gris, et triste. Il m'a fallu bien du courage, vaincre bien des résistances pour m'extirper du lit et suivre mon ami Régis qui m'a entraînée dans cette aventure du rallye Singer, pédaleur guilleret quelques mètres devant moi, à l'aise et heureux au guidon de son pignon fixe. Je me demande encore si j'ai bien fait...

Nous arrivons porte Maillot, pour prendre nos inscriptions auprès de l'ACBO, le club organisateur. Les cyclotouristes sont déjà nombreux, et la bonne humeur règne dans les sourires, les poignées de mains, les retrouvailles. Carnet, feuille de route, et c'est parti! J'apprends que la particularité du rallye Singer est de laisser l'itinéraire libre aux participants pour rejoindre les points de contrôle, obligatoires, eux! Cela me paraissait naturel, mais cela semble exceptionnel! Bon... C'est mon premier rallye!

Nous pédalons tranquillement à travers le bois de Boulogne, en compagnie de membres du CSM 13, lorsque les "durs" de l'ACBO nous rejoignent et nous dépassent. Je suis "happée" par Olivier Csuka, qui tente de m'apprendre les bienfaits du grand plateau et d'un rythme de pédalage élevé! Sa gentillesse et sa délicatesse sont capables de miracles, mais c'est ma première sortie depuis la fin des frimas, et j'avoue que, essouflée, je ne poursuis pas la leçon au-delà du pont de Suresnes. Eux fileront dans la montée qui s'annonce et nous nous ne retrouverons pas avant le premier point de contrôle. En attendant, je suis mon guide qui m'entraîne à un rythme bien plus paisible jusqu'à Versailles via la côte de Picardie. Il fait bon rouler malgré la grisaille, et j'avoue que je ne regrette plus la douce chaleur de la couette. Quel plaisir d'être au guidon en toute simplicité!

Je suis contente de basculer enfin dans la descente sur Versailles; la côte de Picardie a beau ne pas être dure, elle se fait tout de même sentir pour mes muscles encore en hibernation... Sauf que mon guide ne m'avait pas précisé que la récréation serait de courte durée et que, une fois Versailles traversée, il faudrait remonter, pour redescendre aux étangs de la Minière! Le traître! L'ambiance au contrôle est chaleureuse, bon enfant; les plaisanteries fusent, les participants sont heureux, et je me sens heureuse d'être au milieu d'eux, moi la petite débutante. Quelques gâteaux, un thé pour regagner un peu de chaleur, et l'on repart!

Et cela monte à nouveau! Le plateau de Guyancourt est fort peu engageant pour ce qui est de la beauté du paysage, mais mon guide m'affirme qu'il faut en passer par là. Soit... C'est l'occasion de pousser une légère pointe de vitesse, malgré le vent de face, et de vérifier le bien-fondé des théories d'Olivier sur les bienfaits du grand plateau. Il n'empêche qu'à ce petit jeu, lorsque l'on manque d'entraînement comme c'est mon cas, on se fatigue assez vite, mais la sensation de vitesse est agréable. Passé le village de Voisins-le-Bretonneux, c'est de nouveau la campagne, douce, sereine, encore dans le sommeil d'hiver. Un mince rayon de soleil eût été le bienvenu...

Au carrefour où se dresse la hampe incongrue d'un feu de circulation, nous tournons à gauche vers Magny-les-Hameaux, juste avant les vestiges de l'ancienne abbaye de Port-Royal. Un vent de face sournois rend notre progression difficile, et il faut s'accrocher jusqu'aux abords du village de Magny, avant de pouvoir souffler un peu et de profiter de la belle descente jusqu'à Chateaufort, où nous tournons à droite pour rejoindre le Moulin d'Ors, lieu du deuxième contrôle. La route est terriblement jolie, avec les chevaux dans les grands prés. L'impression de paix est immense. Quel bonheur d'être là!

Contrôle au moulin, une fois passées les pavés. Plaisir de retrouver des amis. Et puis, j'ai beau n'en rien montrer, la pause tombe à point nommé, avec de nouveau des gâteaux, du chocolat et du thé; j'assure pourtant à mon guide fort prévenant que tout va bien, ce qui est parfaitement vrai, en somme! A partir de là, nous prenons le chemin du retour, en remontant par la côte bien raide de Villiers-le-Bâcle, puis les vastes plateaux qui nous ramènent sur Buc et Versailles. De là, nous remontons vers Saint-Cloud à travers la forêt pour redescendre bientôt sur Paris.

Régis m'en apprend long sur les joutes traditionnelles de l'ACBO qui se déroulent le long des quais à des vitesses inavouables pour des cyclotouristes, algarades de bon aloi auxquelles je n'ai ni la force ni l'envie de participer. Avec mon guide, nous remontons paisiblement vers la porte Maillot, sur la piste cyclable, au rythme de ma fatigue, puis jusqu'à la boutique à Levallois par les boulevards extérieurs.

La boutique... Quel étonnement de découvrir cet endroit sur lequel le temps semble ne pas avoir de prise! Une vraie caverne d'Ali Baba! Chaque participant se voit offrir un lot en tirage; j'ai gagné une pompe, fort utile et qui m'évite un achat que je me promettais de faire depuis longtemps sans le réaliser. Mais le plus beau peut-être est l'apéritif dans l'arrière-boutique, là où les randonneuses Singer sont fabriquées sur mesure, de manière artisanale et traditionnelle. Le pot de l'amitié y prend toutes ses lettres de noblesse; les discussions et les "vannes" vont bon train! Je découvre, je discute, j'apprends, le porto est délicieux, bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, et je me surprends même à écouter avec attention des démonstrations amicales sur la valeur supérieure de tel braquet en montagne... Je rentre fatiguée d'une saine fatigue, mais terriblement heureuse de ma randonnée, et je pense déjà à revenir lors de l'édition de l'année prochaine...

Carla