Cycles Alex Singer

Villaines-la-Juhel

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Villaines-la-Juhel (mardi 20h47, 1009 km)

En route à Villaines, un inconnu se joint à nous. Pour avoir une idée combien de temps il nous reste jusqu’à la prochaine « pause », on commence à compter les kilomètres sur la feuille de route. Mais il se trouve que l’inconnu est un autochtone. Pour aller à Villaines, il dit, c’est 30 km. Ah non, il se corrige, 40 car ils nous font faire un détour.

On fait effectivement un détour. Villaines est affiché à gauche et notre route continue tout droit. Et là, c’est le drame ! Une montée sans fin. Qu’est-ce que j’en ai marre. On monte avec un groupe de Seattle. La plupart des mecs sont un peu plus forts (mais bon, Bruno, mon compagnon de route, il va bien m’attendre en haut) et moi je galère à coté de Sam avec son vélo couleur orange. Plus jamais je vais l’oublier, il me demande : How can people say PBP is fun ? Je ne le sais pas non plus et pour nous c’est sûr : plus jamais on ne reviendra !

Or, l’arrivée à Villaines fait oublier tout ennui. Ici c’est la fête, comme si c’était l’arrivée du Tour de France. Un speaker est en train d’animer les cyclistes mais aussi les spectateurs qui sont venus nombreux. Malgré l’heure tardive du soir, ces derniers regardent avec curiosité l’agitation dans leur petite ville.

Bruno avait compris de Gérard qu’il s’était fait masser ici sur l’aller et il voudrait en profiter maintenant à son tour. Moi je suis contre, cela n’est pas indispensable et fait seulement perdre encore du temps. Mais mon avis défavorable ne dure pas longtemps. Une minute plus tard, je suis d’accord, un peu de massage, c’est quand même tellement agréable. J’ai juste honte: on n’a pas pris de douche depuis deux jours et demi et avec la pluie je suis toute crado. Mais les masseurs bénévoles ne permettent aucune sensation de pudeur. Comme si c’était le plus naturel au monde, ils se mettent au travail. Bruno est massé par un pompier, moi en même temps par une esthéticienne et un médecin. Il faut le dire, c’est le luxe.

Après au café je croise Manuel, un solitaire qui a fait aussi le brevet de 600 km à Hambourg et que j’ai déjà rencontré 950 km plus tôt. Une petite causette et on est reparti dans la nuit.