Cycles Alex Singer

Conclusion

Paris Brest Paris 2011 Les vedettes Alex Singer

Le parcours

On pouvait le lire et l’entendre d’avance : le parcours du PBP est vallonné. Le cerveau accepte l’information mais une fois qu’on est dedans on réalise que le parcours est vraiment vallonné. Ou peut-être vallonné ce n’est pas la bonne expression. Elles ne sont pas hautes, les collines qu’on monte. Mais l’enchaînement des montés et descentes forme une séquence infinie. C’est usant et il doit y avoir forcément un moment que l’on en a marre. Il paraît que le PBP comprend 11000 mètres de dénivelé, ce qui correspond à dix cols de haute montagne !

A part cela, le parcours est bien sympathique. Sur les petites routes de campagne, il n’y a quasiment pas de voitures. Le fléchage est plutôt bien fait. Seule une fois dans la nuit je dois vérifier sur ma carte routière si on est sur la bonne route. Et le fait de faire aller et retour sur la même route permet de voir tous les autres participants, c’est une bonne idée.

Les spectateurs

PBP n’est pas médiatisé comme le Tour de France. Du coup, je ne m’attendais pas à voir tant de spectateurs tout au long du circuit. C'est presque surréaliste. Partout, il y a des habitants au bord de la route pour nous applaudir. A un moment, j’en ai marre de dire merci pour la 1000ème fois, mais ne pas répondre « merci » à un « bravo », je trouve que cela ne se fait pas.

Je me demande comment est-ce qu’ils peuvent être aussi endurants à nous encourager sachant que parfois pendant dix minutes il n’y a aucun vélo qui passe. Cela doit être ennuyeux d’attendre. De l’autre coté, il faut voir qu’en pleine campagne pendant ces quatre jours ils ont le monde entier qui passe devant leur maison. Pour eux cela doit être surréaliste aussi. D’autant plus, que tout le monde est parti de Paris pour y retourner et tout cela à vélo.

Les spectateurs sont vraiment un point exceptionnel du PBP. Ils créent une ambiance extraordinaire et émouvante. Ils nous offrent de l’eau, du café, même des lits et – spécialement en Bretagne – des crêpes. Pour nous, la cerise sur la tarte est une fille qui s’est positionnée dans la nuit à un carrefour. Au moment de tourner, elle prend l’occasion de notre ralentissement de courir à coté de nous pour nous filer un brownie. C’est un des meilleurs brownies que je n’ai jamais mangé.

Les contrôles

A part des spectateurs, ce qui est remarquable du PBP sont les contrôles avec leurs 1500 bénévoles. A chaque station, ils nous accueillent chaleureusement et ont tous une gentillesse infinie. Il est incroyable comment tout le monde est souriant et attentionné envers nous. Et cela 24 h sur 24. Et cela malgré les mauvaises odeurs qui sont inévitable lors des bouchons des cyclistes à l’intérieur. Leurs postes, cela ne doit pas être de la tarte.

De plus dans les contrôles tout est bien organisé. Tout est clair et on voit toute de suite où il faut aller. Il y a tout ce qu’il faut, même un vélociste est sur place.

Une des grandes craintes que j’avais à l’avance était l’alimentation. Mais la crainte est injustifiée. Aux contrôles, on peut acheter tout et la nourriture est toujours à la hauteur. Au menu sont soupes, plâtrées de pâtes, omelettes, barquettes de riz au lait et du café pour se refaire la cerise. Pour la route, un stand Overstim permet de s’équiper de plus. Moi, j’en ai pris tant d’Adep que je me demande si je peux encore me dire végétarienne ? Mais la boisson salée fait tellement de bien.

Les assistances

La plupart des concurrents – environ 80 % – participent avec de l’assistance, c'est-à-dire ils ont une voiture suiveuse qui les rejoint à chaque contrôle. Ils roulent sur un vélo style « Tour de France », sans bagage, les vêtements toujours nickels. On peut encore sentir le parfum de l’assouplissant quand on roule derrière eux.

Mais où reste l’esprit « randonneur » ? Quand on arrive dans les villes des contrôles, il semble que ce sont plutôt les véhicules motorisés qui sont au centre de l’intérêt et non les vélocipèdes. Heureusement, les mobiles homes sont au moins interdits sur le parcours. Mais je m’en doute, les coureurs auraient préféré l’option d’avoir une roue d’échange à coté d’eux en cas de crevaison.

Le temps

En Allemagne, on dit qu’il n’y a pas de mauvais temps mais que de mauvais équipement en termes de vêtements. Or, il faut accorder qu’il est bien plus agréable de faire du vélo quand il fait beau. Ou surtout quand il ne pleut pas.

Sur ce PBP, Bruno et moi on semble avoir eu la meilleure chance avec le temps : ceux qui étaient plus vite avaient un orage avant Brest et ceux qui sont partis plus tard avaient de la vraie pluie déjà sur l’aller. Le peu de pluie que nous avons rencontré n’était pas bien grave. Seul un imperméable manquait dans mon bagage.

Le sommeil

Il est étonnant comment le corps humain n’a pas besoin de sommeil. Je ne l’aurais jamais cru si je ne l’avais pas expérimenté. Le PBP est vraiment une expérience extrême qu’on ne rencontre jamais dans le quotidien.

Tout commençait la veille ou plutôt la nuit avant le jour J, quand il faisait chaud et extraordinairement lourd. Par conséquence, il était quasiment impossible de dormir. Quel stress en plus, quand on se dit que maintenant on en a vraiment besoin du sommeil.

Quant à la randonnée, il ne semble pas y avoir de règle comment gérer le repos à part que quand on est fatigué il faut dormir et si ce n’est que pour 10 min au bord de la route. Il y a des gens qui vont vite à Brest, dorment 6h sur place et rentrent vite. Il y en a d’autres qui ne dorment pas du tout ou dorment juste une fois cinq ou dix min. Jamais cela ne pourrait marcher dans le quotidien !

Mon vélo et moi

Lors de l’arrivée dans les contrôles, avec les Mafac qui couinent, mon vélo et moi, on attire le regard des spectateurs. Et on devient leurs vedettes pour le moment. Moi parce qu’il n’y a pas beaucoup de filles et mon vélo parce qu’il n’y a pas beaucoup de machines comme lui. De plus, une grande partie des spectateurs est d’un certain âge et à l’époque, eux aussi ils avaient des vélos « comme ça » : avec le cadre en acier aux raccords, la selle en cuir, les freins Mafac, les moyeux Maxicar. Et hop, c’est parti : on papote et on rigole. A la fin, on se fait les bises avant qu’ils me souhaitent « bonne route ». Je ne compte pas les minutes, mais je passe un bon moment avec eux. Ce serait trop triste de rater ces petites attentions en faisant la course. Je suis sur le coté « fun » du PBP et je l’apprécie bien.

A part cela, il faut que je dise que ma randonneuse, c’est le meilleur vélo de tous. Il y en a un des spectateurs qui lève mon vélo et qui dit « bah, c’est lourd ». Il n’a quand même pas vu les 3 bidons de 900 cl et la sacoche de 5 kg non plus. Et il ne sait pas comment elle roule bien.

Seul le braquet n’était pas bien adapté au profil du parcours. La veille ma cassette a été changée contre une avec moins de dents. Et le 24 dent cela me manquait souvent. Sinon, avec Bruno on n’a eu ni crevaison ni panne technique. Et tout à la fin on se rendait bien compte du confort de nos vélos. Il doit y avoir des modèles moins bien construits. Au moins ce serait la conclusion des cyclistes pas beaux à voir dessus.

Les bobos

Avec l’expérience faite lors des brevets de préparation, je redoutais d’avoir mal aux mains après une certaine quantité de kilomètres parcourus. Or, avec ma randonneuse et des gants en cuir d’agneau récemment acquis à Millau il n’y avait aucun souci. Les échauffements de pieds étaient une question de tête. Ne restait qu’un bobo apparu après environ 800 km dont on n’aime pas trop parler : être assise sur la selle n’était plus du tout agréable. Ce n’était pas la faute de la selle Brooks, c’était plutôt des brûlures comme une réaction allergique. Mais comme le destin le veut parfois, à Villaines une infirmière avait un produit magique. Et tout bobo était parti.

Le respect

Dans nos cercles, si quelqu’un dit qu’il a fait PBP on demande toute de suite « en combien de temps » et on attend que la réponse soit d’une valeur plus faible que 70h. Par contre, seulement après avoir fait connaissance du parcours on peut savoir quel effort en est besoin. Pour cela, je souhaite exprimer ici mes félicitations à tout le monde qui a fini et qui est rentré à St Quentin, peu importe le délai.

Mais aussi les malchanceux qui ont abandonné, ils ont fait leur effort. Aveuglé par l’échec on ne voit plus qu’ils ont fait 600km, voir plus. En tant qu’inscrit à PBP on pense que c’est nul. Mais il suffit de parler à des gens à l’extérieur de nos cercles pour se rendre compte de l’exploit qu’on a quand même réussi. Le fait déjà d’être allé à Brest à vélo fait halluciner de nombreuses personnes. Pas besoin de souligner qu’il y en a d’autres qui sont aussi rentrés.

Les faits

Départ : dimanche 21.08.2011 à 16h40, Arrivée : mercredi 24.08.2011 à 13h14
Distance officielle : 1230 km, Distance « compteur » : 1260 km
Moyenne totale : 18 km/h, Moyenne « compteur » : 24 km/h
Temps parcouru totale :            68h33, Temps « roulé » : 52h39
Temps « sommeil » : 30min+2h30= 3h
Temps passé par contrôle : (68h33-52h39-3h)/13=~1h   oups, trop c’est trop.
Correction de calcul : Vu les 2 contrôles secrets il faut diviser par 15, donc on a passé moins de temps à chaque passage)

Conclusion

Un grand merci à Bruno, mon fidèle compagnon de route. Ensemble, on a fait une excellente expérience. Et il est mystérieux le pays du cerveau : les moments d’ennui s’oublient plus vite que l’on pense. Alors qui sait, peut-être un jour on sera de retour.

Sina WITTE (26.09.2011)