Cycles Alex Singer

Rethonde 2017

Randonnée du Souvenir 2017 : un temps et des souvenirs de guerriers

Au réveil de bon matin, la pluie nous salue : "ce sera un vrai 11 Novembre" nous glisse-t-elle à l'oreille. À la boutique, elle règle son tic-tac pour la journée, comme un Singer bien remonté. À Pleyel, sûre de ses gammes elle passe aux claquettes : des cyclos prévoyants en ont dans leur sac pour marcher au sec au resto à midi. La pluie, c'est dans la tête et dans les pieds et chacun a son gri-gri porte-chaleur. Au pied de la tour, 21 répondent à l'appel et embarquent pour Roissy. À Vémars on braque. À Mortefontaine, nous rassurons les habitants : la nappe phréatique a un beau jour devant elle. À Plailly, Bruno l'angevin, Tan de Vannes et ses enfants, Jean et les autres rejoignent le convoi qui passe la trentaine. À la pause à Verberie, les mots pleuvent autour des demis, les coudes se détendent sur le comptoir, les parkas gouttent près des radiateurs. Le vent dans le dos est un précieux allié : les perces après la reprise n'entament pas notre tempo. Nous pénétrons la clairière de l'Armistice un bon quart d'heure avant la cérémonie du Souvenir. Estafettes, champion-aviateur mort un 14 juillet, cyclistes anonymes fauchés sur le front, notre mémoire embrasse leur sort à tous et leur foi dans la nation. Après les hymnes et la photo, nous repartons au combat. Le vent de dos change de camp et devient vent de face au moment de retrouver Verberie qui nous ouvre sa table et quelques nouveaux fûts pour la cérémonie du midi. Comme à Rethondes, on y accueille les cyclos de tous bords pourvu qu'ils partagent nos hymnes et nos chants. S'y faire un nouvel ami au coeur gros et au squelette imposant est un vrai bonheur pour le retour contre le vent. Et y refaire le plein de calories un conseil qu'il n'est pas besoin de répéter. Comme chaque année nous saluons nos hôtes avec chaleur et respect et abordons la côte du retour avec humilité. À Plailly, nous reprenons les saluts : plusieurs options s'ouvrent au retour. Pour ma part je teste l'option Sannois-Eaubonne avec Hugues, Jean-Claude, Didier et Thierry et suis conquis par la route des betteraviers sous une pluie devenue discrète avec la nuit tombante. Le coeur de la plaine de France distille de précieuses calories : nous puisons dans notre réserve pour les derniers km. Près de 200, à 500 m près, annonce mon compteur du jour, froid et arithmétique comme un repas de régime. Je me demande ce qu'il retient de cette journée et salue mes derniers camarades de route. Et ai une pensée émue pour ceux dont le souvenir est avec l'amitié l'âme de cette journée.