Cycles Alex Singer

Paques en Provence

Il existe des lieux où il fait bon aller et retourner, évoqués par la mémoire de ceux qui y ont déjà pédalé, par l’imagination de ceux qui rêvent de s’y rendre. La Provence, à Pâques, en fait partie, et l’ACBO, fidèle à la tradition cyclotouriste mais aussi à sa propre histoire, ne pût manquer au rendez-vous en ces premiers jours d’avril.                        

Certains avaient quitté Paris la veille, d’autres très tôt le matin, mais nous nous retrouvâmes pour déjeuner le samedi à Bédoin. Marie-Lou, Diane et Jean, Catherine et Olivier, Brigitte et Marcel, Evelyne et Alain, Olivia et Victor, Josiane et Pierre, Christian, ainsi que votre serviteur. Tous réunis par le plaisir simple de rouler sur ces jolies routes de Provence, tout juste sorties du rigoureux hiver. A peine la table quittée, nombre d’entre nous enfilèrent les cuissards et en route! Un petit tour qui nous emmena au col des Trois Termes, via Mormoiron et Malemort-du-Comtat. La grimpée sur le plateau du Vaucluse fut magnifique! Il n’y manqua qu’un petite rayon de soleil, mais qu’importe! Il faisait si bon être sur ces petites départementales enchanteresses! Au col des Trois Termes, il fut décidé de revenir par Murs( et son col), mais un petit schisme naquit; deux gourmands (Olivier et Victor), en redemandèrent et entraînèrent votre serviteur à leur suite pour gagner Murs, certes, mais en passant par l’abbaye de Sénanque et Gordes... Un relief vigoureux mais avec de splendides paysages, en particulier sur le massif du Lubéron, les carrières d’ocre de Roussillon et la montagne de Lure, qui méritaient bien un coup de reins supplémentaire. Journée simplement délicieuse!                        

Le dimanche nous vit monter à Brantes, pour le traditionnel rassemblement des cyclotouristes. A l’origine, au début des années vingt, ces concentrations pascales ne furent que de simples rendez-vous fixés à ses lecteurs et à ses amis par Vélocio qui, à la sortie de l’hiver, aimait à retrouver le soleil provençal. Nous en fûmes un peu démunis, la matinée demeurant grise et froide, mais non point d’amitié, surtout au fur et à mesure que nous nous rapprochions du but. La Madeleine, Malaucène, Entrechaux, Mollans-sur-Ouvèze, Cost, Eygaliers, et le col de Fontaube encore parsemé de petites plaques de neige... L’arrivée par le haut du village de Brantes, accroché à la montagne, sous la protection du Ventoux enneigé, était à couper le souffle tant elle était belle! Joie de retrouver au milieu des vieilles maisons de pierres des amis venus des quatre coins de la France. Joie trop courte, hélas; il fallut bien reprendre la route pour le déjeuner, prévu à Sault. L’après-midi fut inondé de soleil. Enfin! Un de ces grands soleils dorés et lumineux qui vous remplissent le coeur du bonheur de simplmement vivre et goûter l’instant présent. Le sommet du mont Ventoux se découpait sur le ciel bleu profond; le vent agitait là-haut des bourrasques de neige. A défaut de pouvoir de nous y rendre, nous nous offrîmes la merveilleuse descente dans les gorges de la Nesque, vastes sculptures minérales naturelles... Et une terrasse acueillante à Bédoin, pour célébrer l’effort et l’amitié.                        

Déjà le lundi, et déjà le retour. Il fut décidé de pique-niquer à Vaison-la-Romaine. Quatre irréductibles décidèrent de s’y rendre à coups de pédales: Olivier, Victor, Pierre, et votre serviteur. Peu de distance, mais un relief au caractère bien trempé, avec du vent, ce qui n’arrangeait rien! La Madeleine, Le Barroux et son château, La Roque-Alric, Suzette, Malaucène, puis Vaison, gagnée au prix d’une belle partie de manivelles... Plaisir de rouler au voisinage des Dentelles de Montmirail... Le soleil, généreux, illuminait tout. Qu’il fait bon de partir à la découverte depuis le haut d’une selle de bicyclette! Nous avions un peu de temps; nous visitâmes la ville haute de Vaison, tout bonnement sublime, avant de saluer une dernière fois le Ventoux, et de retrouver les copains au bord de l’Ouvèze. Ah... Pâques en Provence... C’était si bon que cela avait un goût de trop peu! Le seul moyen que j’ai trouvé en guise de consolation est de se dire que l’on y reviendra...                                                                                                                          

Régis